Faut-il en finir avec les notes ? Pierre Merle

Pierre Merle , le 2 décembre 2014 _

Pierre Merle est sociologue, professeur d’université à l’École supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE) de Bretagne et à l’Université Bretagne Loire-Atlantique.

La notation des élèves est de plus en plus contestée, notamment par les chercheurs. Pierre Merle fait une synthèse des conclusions de ces travaux au moment où les institutions s’emparent de la question et propose des pistes pour renouveler les pratiques d’évaluation des élèves.

Prévue pour la fin de l’année 2014, la Conférence nationale sur l’évaluation des élèves a « pour mission d’élaborer des recommandations sur l’évolution du système d’évaluation des élèves ». Depuis plus d’un demi-siècle, des chercheurs de différentes disciplines ont mené des centaines de recherches utiles aux réflexions sur les pratiques d’évaluation des élèves. Cette contribution présentera d’abord un certain nombre de conclusions scientifiques avérées et proposera des changements souhaitables, eu égard aux résultats de la recherche.

Les recherches sur la notation, menées depuis plusieurs dizaines d’années, aboutissent à au moins cinq résultats consensuels dans la communauté scientifique :
1 - Les notes ne mesurent pas de façon précise les compétences des élèves.
2 - Les recherches sur la notation ont également montré l’existence de biais sociaux de notation.
3 - Dans un certain nombre de discours, la notation aurait pour vertu de favoriser une (saine) émulation, une compétition entre élèves, indispensable à la motivation.
4 - Un autre discours favorable à la notation consiste à affirmer que les élèves souhaitent connaître leur niveau scolaire, veulent savoir où ils se situent par rapport aux autres.
5 - Enfin, un dernier discours affirme que la notation permet d’apprendre.

Les contrevérités sur la notation des élèves sont légion. Objectivement, la note pervertit les missions centrales de l’école - éducation et instruction - au profit d’une seule de ses fonctions, la sélection. Or, celle-ci n’a aucune raison d’intervenir avant la fin de la scolarité obligatoire, avant que ne soit assurée, pour chaque élève, la maîtrise d’un socle commun de connaissances et de compétences indispensable à l’intégration sociale et professionnelle. En ce sens, la note et la sélection précoce contribuent à maintenir le système éducatif français tel qu’il est : peu performant, inégal, trop souvent décourageant pour les élèves, les parents et les professeurs. Quels changements sont envisageables ? Sept pistes principales sont présentées.
1 - Préserver l’anonymat social et scolaire de l’élève
2 - Préférer une évaluation formative à une évaluation sommative
4 - Intégrer l’évaluation dans le processus d’apprentissage
5 - Supprimer les « comparaisons sociales forcées »
6 - Fonder l’évaluation sur des compétences et connaissances standardisées
7 - Construire une synergie entre les évaluations des élèves et celles des établissements

Conclusion

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